Certains dirigeants de patronages pourraient se demander intérieurement s’il existe un lien entre le mouvement syndicaliste et leur œuvre ; j’adresse ces quelques lignes à ceux-là et aux membres effectifs qui tardent à comprendre leur devoir de travailleur.
Le but d’un patronage n’est autre que de donner une formation complète aux jeunes gens qui en font partie.
De là, la nécessité de créer une pépinière d’œuvres au sein de cette association : catéchismes de persévérance, ligues eucharistiques, gymnastiques, cercles dramatiques, conférences de Saint-Vincent de Paul, cercles d’études, etc., bref un tas d’œuvres qui visent à la formation religieuse, physique, esthétique, intellectuelle du jeune homme.
Cependant un échelon dans cet ordre d’idées semble ne pas avoir été atteint, je veux parler de l'éducation sociale.
Quasi tous nos membres de patronages sont des travailleurs, ils passent le tiers de leur existence dans les usines ou bureaux, ils peinent, ils triment, sont souvent malmenés parce ce que jeunes, en un mot sont abandonnés à leur sort d’apprentis travailleurs.
Personne ne les soutient, ne les guide dans cette voie de la profession qu’ils ont choisie.
Et cependant, n’est-ce pas à ce moment critique, dangereux, qu’un appui sûr devrait leur être donné dans l’usine, où commence vraiment l’existence ?
« Tu travailleras à la sueur de ton front », voilà ce commandement divin auquel tous nous devons obéir.
A l’heure actuelle, le patronage ne tient pas suffisamment compte que les membres qui le composent sont des travailleurs, et que, comme travailleurs, ils ont des devoirs à connaître et des droits à revendiquer. Il y a là toute une initiation sociale à faire si nous voulons que nos membres soient non seulement des chrétiens de nom mais surtout des chrétiens d’action.
Pourquoi ne pas montrer à nos jeunes, comment l’Eglise entend organiser le travail, comment eux pratiquement doivent concevoir leurs devoirs, leurs droits de travailleurs, pourquoi ne pas montrer à tous ces apprentis d’atelier ou de bureau les lacunes actuelles de la société, de l’apprentissage, et que le seul remède à tout ce marasme industriel se trouve dans l’union des jeunes ouvriers.
Quel bien immense nous aurions fait, si nous avions rendu vivante à tous ces travailleurs qui nous sont confiés, la doctrine sociale catholique ! Au moins nous aurions fait quelque chose de vraiment positif pour l’organisation de la société.
Laisserons-nous plutôt nos membres passifs devant toutes ces questions professionnelles dans lesquelles bon gré mal gré ifs sont directement mêlé ? ou bien les laisserons-nos, nous chrétiens, s'engager tôt ou tard dans les syndicats socialistes qui en feront petit à petit des indifférents, des exaltés, des partisans de la lutte des classes et ruineront ainsi tout notre travail de formation chrétienne ?
La réponse ne dépend que de nous... Oui, il faut donner une formation sociale à nos jeunes ouvriers et employés, membres de nos patronages, employons donc tous les moyens qui sont à notre disposition et en premier lieu la Jeunesse Syndicaliste.
Une section de la J.S., voilà ce qu'il faut à tous les patronages pour compléter leur œuvre d’éducation.
Il faut grouper dans un puissant mouvement tous les jeunes travailleurs qui sont abandonnés à eux-mêmes dans la profession, il faut qu'ils se sentent soutenus, aidés, secourus dans les difficultés de cette vie de labeur.
Ayons un mouvement uniforme englobant toute la jeune armée du travail.
A l’œuvre donc, et la société de demain nous dira si nous avons fait tout notre devoir !
P. Garcet.
SOURCE
La Jeunesse Syndicaliste, N° 12, décembre 1921.
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