Wednesday 1 January 2020

My parents: Monique Garcet

Paul and Jeanne with Monique, Pierre and Claire 1943

Mes parents

(English translation below)

Dés 1938 mon père, Paul Garcet s’engagea dans la politique, il fut élu aux élections communales d’octobre à Jette.

Ce ne fut qu’une conséquence de ses engagements sociaux. Fondateur laïque de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne avec Cardijn, Fernand Tonnet et Jacques Meert. Cette toute première équipe, à la paroisse de Laeken, rapidement essaima dans tout le pays puis internationalement. Et après son mariage, journaliste à La Cité Nouvelle, ancêtre de La Cité. Il allait de soi pour lui qu’on prenne des responsabilités dans sa paroisse comme dans sa commune.

Hélas, à 44ans, il perdit la vie à Dachau un peu avant la libération des camps de concentration nazis par les Américains en mai 1945. Il laissait une veuve et trois enfants pas bien grands.

Après-guerre, ma mère fut sollicitée pour se présenter aux élections communales de 1946, on ne lâche pas les héros de la résistance en politique !... Malgré ses appréhensions quant à ses capacités à s’investir en politique, elle accepta et fut élue, haut la main, échevine des affaires sociales. Les élections législatives ne seraient accessibles aux femmes qu’en 1948. Elle s’acquitta avec succès de ses nombreux engagements pour les familles, les séniors et les enfants de écoles de la commune.  Logements sociaux, cantines scolaires, repas à domicile, toutes innovations en ces temps lointains et aujourd’hui entrées dans les mœurs. Inauguration aussi d’un parc pour la jeunesse... occupé cette semaine par l’annuelle Jam session de Jette.

 Faut-il ajouter qu’à cette époque le mandat communal était bénévole, Il lui fallut donc trouver un emploi. Elle le trouva dans les organisations populaires chrétiennes et en 1949, elle devint présidente nationale de Vie Féminine et le resta pendant 20 ans.

Un parcours sans faute mais qui nous chagrinait bien souvent : notre mère était beaucoup absente et malgré les tantes et cousines qui venaient la remplacer avec énormément de gentillesse, le sacrifice nous parut bien lourd.

Et pourtant nos deux parents, chacun avec leur charisme, nous avaient initiés à l’ouverture, bien au-delà de la famille et nous ont préparés à une conscience politique toujours à l’affut, avec l’intuition que chaque situation demande analyse sérieuse et responsable. Quelle école choisir pour nos enfants, quel mode de transport, quel genre de profession (nous avons vécu au temps du plein emploi), qui héberger pour un temps, ainsi va la vie quotidienne des familles. Mais d’autres choix restaient à faire. Quelle part de notre vie consacrer à des engagements plus larges et parfois absorbants et aux horaires imprévisibles. Rien n’est donné d’avance, des choix même ténus sont possibles.

Mais sans doute, après une enfance marquée par le deuil, avons-nous vécu une période moins mouvementée et moins marquée par la précarité que celle de notre époque. Quel monde auront demain nos petits-enfants ?

Même si nos engagements se sont distribués en sens divers et même parfois contradictoires. Avec, faut-il le dire, une certaine méfiance par rapport à l’aspect chronophage de la politique. Mais il est d’autres voies d’engagement. Peut-être pour l’une un combat pour enrayer les discriminations dont sont victimes les femmes, pour tous une indignation devant les inégalités de la vie en société et plus encore entre le Nord et Le Sud de notre planète. Ou encore des actions de quartier pour y améliorer le vivre ensemble. Ou même pour certaine ce qu’on appelait autrefois : la Pastorale familiale…dont le Mouvement Couples et Familles est l’héritier.

Cet héritage fut parfois pesant mais nous n’avons pu envisager une autre vie. Elle était loin d’être écrite, il nous a fallu la forger, chacun de nous trois, à notre mode pour tracer un parcours singulier. La vie nous a gratifiés de rencontres qui souvent ont infléchi notre ligne de vie. Merci à tous ceux-là morts ou vifs.

Monique Laurent-Garcet

Note du directeur des Feuilles familiales.

La revue a été créée pour les couples d’anciens jocistes en 1937 par Fernand Tonnet et Paul Garcet et son épouse Jeanne Partous et existe toujours en 2020.

Monique Laurent-Garcet en a été rédactrice en chef pendant 15 ans

English translation

My parents

My father, Paul Garcet, first became involved in politics in 1938 and he was elected as a municipal councillor for (the Brussels suburb of) Jette in October of that year. It was quite simply an outcome of his social commitment.

With Cardijn, Fernand Tonnet and Jacques Meert, he was a lay founder of the Young Christian Workers movement. The very first YCW team in the parish of Laeken rapidly inspired others across the country and then internationally.

Following his marriage, he became a journalist with La Cité Nouvelle (The New City) magazine, the predecessor of La Cité (The City). It goes without saying that he also took on responsibilities in his parish as well as in his local community.

Alas, he lost his life at the age of 44 in Dachau shortly before the liberation of the concentration camps by the Americans in May 1945. He left behind a widow with three young children.

After the war, my mother was asked to become a candidate in the 1946 local elections – in politics, they certainly don’t let go of resistance heroes!

Despite her initial misgivings about her capacity to get involved in politics, she accepted and was elected as councillor responsible for social affairs. Women only became eligible for parliamentary elections in 1948.

She successfully fulfilled her numerous commitments to the families, seniors and school children of the locality.

Social housing, school canteens and home-delivered meals, which have since become commonplace, were all innovations in those distant times. A park for young people was also established. In fact the annual Jette Jam session is taking place there this week.

It should also be noted that local involvement was totally unpaid at that time. So she had to look for a job. And she was able to find one with the popular Christian organisations. In fact, in 1949 she became national president of Vie Féminine (Women’s Life) and remained in that post for 20 years.
Our mother thus had a commendable career. However, it often made us a little sad since she was often absent. Despite the enormous kindness of our aunts and cousins who assisted her, it often felt like we were making a heavy sacrifice.

And yet both our parents, each with their own charism, had raised us to reach out beyond the confines of the family. They also helped give us a vigilant political consciousness and an understanding that every situation required serious and responsible analysis.

What school to choose for our children? What type of transport is needed? What sort of job to choose? (We lived in a period of full employment.) Who to accommodate for a certain period? Such was the daily life of families.

However other decisions also needed to be made. How much of our lives could we devote to broader, sometimes demanding commitments at unpredictable times? Nothing was set in stone. Sometimes short-term decisions were desirable.

Nevertheless, after a childhood that was undoubtedly overshadowed by mourning, we eventually experienced a life that was probably less hectic and insecure than today. What kind of a world will our grandchildren experience?

Our various commitments have spread out in various and sometimes even opposite directions. Moreover, there is a certain level of distrust over the time-wasting aspect of politics. But there are other ways of becoming involved.

Perhaps one person will become involved in the battle to eliminate the discrimination experienced by women. Perhaps others will be concerned with indignation over the inequalities of life in society, particularly between the North and South of our planet.

Or people may become involved in local action to improve community living. Some may even become involved in what used to be known as family ministry. The Couples et Familles (Couples and Families) movement is the heir to this work.

At times, this legacy weighs heavily. Even so, we cannot imagine any other way of life. None of this was inevitable. Each of the three of us (children of Paul and Jeanne Garcet) had to develop it in our own way and seek our own personal path.

Our lives have blessed us with encounters that have often impacted on our whole lives. Thank you to everyone we have known, both living and deceased.

Monique Laurent-Garcet

Note from the publisher of Feuilles familiales

Fernand Tonnet and Paul Garcet and his wife Jeanne Partous founded this magazine for ex-YCW couples in 1937. It continues to exist in 2020.

Monique Laurent-Garcet was the editor in chief for 15 years.

(Translator: Stefan Gigacz)